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CORRESPONDANCE

affaire ! Advienne que pourra, après tout ! Je me suis remis à mes lectures pour Bouvard et Pécuchet, et même aujourd’hui j’ai avalé un volume et demi de l’abbé Bautain, la Chrétienne, qui m’a très intéressé. Cet homme-là connaît le monde de Paris à fond.

Dimanche, j’ai fait chez Lapierre la connaissance de Mme P*** que je trouve une personne très bien. Il n’est sorte de bêtises que je n’aie dites à ce dîner, et je crois que j’ai été très loin ! mais la société était indulgente. La cause de ma gaieté était d’être débarrassé du Candidat !

En fait de politique, nous allons être, pour quelque temps, dans le calme. Raoul-Duval, depuis qu’il a voté à plusieurs reprises contre la Droite, a « reconquis sa popularité » ! Il est sûr maintenant d’être réélu.

Ce soir, au Gymnase, première représentation de Monsieur Alphonse, comédie en trois actes d’Alexandre Dumas. On s’attend à un très grand succès.

L’Événement de dimanche annonçait que Carvalho était présentement chez moi, pour entendre la pièce qui doit succéder à l’Oncle Sam.

J’ai reçu la note de Guilbert : Mille francs en tout (ce qui n’est pas cher), et immédiatement j’ai écrit à Daviron pour qu’il envoyât 1 000 francs à Paris. Depuis plusieurs jours, il fait chaud et extrêmement humide. Les murs suintent ; on est dans le brouillard et dans l’eau. Aujourd’hui, cependant, le soleil s’est remontré. À l’heure qu’il est, minuit, je travaille la fenêtre ouverte ; la nuit est noire et tranquille, et je laisse mourir mon feu. Et toi, pauvre loulou, as-tu