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DE GUSTAVE FLAUBERT.

à Vieux. Recommandation inutile, je le sais. N’importe !

Eh bien, moi, j’ai fini le Candidat ! Oui, Madame ! et je crois que le cinquième acte n’est pas le plus mauvais. Mais je suis bien éreinté, et je me soigne.

Il était temps que je m’arrête, ou arrêtasse. Le plancher des appartements commençait à remuer sous moi comme le pont d’un navire et j’avais en permanence une violente oppression. Je connais cela, qui veut dire : assez !

[…] Croirais-tu que je n’y pense plus, à ma pièce ? et que si je suivais mon instinct, je ne m’occuperais pas de la faire jouer ? Je l’ai recopiée. Je n’y vois plus rien à faire ! C’est fini. Tournons-nous d’un autre côté ! ou plutôt je ne demande qu’à dormir ; car j’ai la tête fatiguée comme si on m’avait donné des coups de bâton sur icelle. Le sommeil « fuit ma paupière ». À force d’exercice, j’espère le rappeler.

Tu auras vu par les journaux que nous avons le maréchal Mac Mahon pour sept ans. Je ne crois pas que cette solution hypocrite fasse du bien « aux affaires ». Les mêmes gens qui, depuis deux ans, gémissent sur le Provisoire, viennent de le décréter pour sept ans. Quelle logique ! Jusqu’au vote des lois constitutionnelles, on ne peut rien prévoir. Ce qui me paraît sûr, c’est que la République va se constituer définitivement, par une transition lente.

Le Moscove m’a écrit pour me dire (encore) qu’il fallait cet hiver publier Saint Antoine, puisque l’on va être tranquille pendant quelque temps. À propos de Saint Antoine, j’ai lu aujour-