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CORRESPONDANCE

Henri V. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai appris que le président du tribunal de commerce, le doyen des notaires et M. André, un des régents de la Banque, avaient fait près de Mac-Mahon une démarche officielle contre la monarchie, et je n’ai vu que des gens effrayés par cette perspective.

Faut-il être assez ignorant en histoire pour croire encore à l’efficacité d’un homme, pour attendre un messie, un sauveur ! Vive le bon Dieu et à bas les dieux ! Est-ce qu’on peut prendre tout un peuple à rebrousse-poil ! nier quatre-vingts ans de développement démocratique, et revenir aux chartes octroyées !

Ce qu’il y a de comique, c’est la colère des partisans de Chambord contre ledit sieur ! On est tellement bête de ce côté-là, qu’on ignore le principe même du prétendu droit divin que l’on veut défendre. Et tout en prêchant pour lui, on le renverse. J’avoue que j’ai un poids de moins sur la poitrine. N’importe ! le petit-fils de saint Louis est un honnête homme et il nous a épargné de grands désastres.

Maintenant, ils veulent faire de M. de Joinville un lieutenant général du royaume ! Mais c’est vieux jeu. Assez !

Et assez de politique, n’est-ce pas ?

J’aurai fini mon 3e  acte demain, ou peut-être cette nuit. Monsieur s’est couché à 4 heures, après avoir hurlé dans le « silence du cabinet » depuis 9 heures du soir, sans discontinuer. Je crois que j’aurai terminé le 4e  à la fin du mois et le 5e  vers Noël. Ensuite, advienne que pourra ! et je ne suis pas près de refaire du théâtre. C’est bien pour les gens qui n’aiment pas le style en soi.