pour avoir un article sur Dernières Chansons. L’article est encore à faire. Rappelez-vous ma correspondance avec Charles-Edmond. Ah ! j’en ai gros sur le cœur, chère Madame ! Enfin je suis si dégoûté de ce qu’on nomme « la vie littéraire » (par dérision, sans doute), que je renonce à toute publication. Saint Antoine ne verra pas le jour, on le verra dans des temps plus prospères. J’ai remercié Lemerre, Lachaud et Charpentier. Ma première publication m’a coûté 300 francs ; la dernière vient de m’en coûter 2.354, c’est assez ! L’argent, d’ailleurs, quoi qu’il soit, me semble une amère ironie et, quant à la gloire, ce sont de ces choses auxquelles on ne croit plus à mon âge. Je continue cependant à faire des phrases, comme les bourgeois qui ont un tour dans leur grenier font des ronds de serviette, par désœuvrement et pour mon agrément personnel. Mais c’est tout.
Il est si impossible de réussir à quoi que ce soit que je ne puis même réunir les membres de la commission pour le monument de notre pauvre ami. Voilà, depuis trois semaines, six lettres que j’écris à Rouen, sans qu’aucun de ces messieurs, y compris Philippe, daigne m’honorer d’une réponse. Comme je suis las de retourner le cadavre de Bouilhet ! Et, à ce propos, quand vous insistez pour que j’aille vous voir à Mantes, ne sentez-vous pas que vous me priez de faire une chose qui n’est pas sans douleur ? Toutes les fois que je passe devant la gare et que j’aperçois le clocher de cette bonne petite ville, où j’ai passé des heures exquises, mon cœur se soulève et je retiens un sanglot. Voilà le vrai. Vous avez assez d’esprit pour me comprendre. Laissez-moi