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CORRESPONDANCE

chement j’en ai la poitrine défoncée ! Ah ! voilà trois journées ⦚⦚tistiques[1] !

Je lui ai lu le Sexe faible, la Féerie et le premier acte du Candidat, avec le scénario d’icelui. C’est le Candidat qu’il aime le mieux ; il ne doute pas du succès du Sexe faible. Quant à la Féerie, il m’a fait une critique pratique que je mettrai à profit. Le Pot-au-feu lui a fait pousser des rugissements d’enthousiasme ! Il prétend que ça écrase tout le reste. Mais il croit que le Candidat sera une forte pièce ! Ce jugement m’encourage beaucoup, et dès demain je m’y remets.

J’irai donc à Neuville vers la fin de l’autre semaine, c’est-à-dire dans une petite quinzaine. J’espère de là aller à Paris, pour l’Oncle Sam. Jusqu’à présent, aucune nouvelle de Carvalho ! La mère Sand m’a répondu pour me remercier de la biographie de Cruchard qui l’a fort divertie.

Ce matin, j’ai eu la visite inattendue de Guy de Maupassant avec Louis Le Poittevin[2]. J’ai été jeudi à l’Hôtel-Dieu, mais Achille n’y sera de retour que le 10. Donc, il me faudra y aller dans une huitaine. Cette pauvre Julie me fait pitié, tant elle a peur de l’opération et de l’hôpital[3]. Te voilà donc en pleine campagne, mon pauvre Caro, au milieu des bons paysans, dans tes terres. Vas-tu y répandre des bienfaits ! moraliser les classes pauvres ! instruire les enfants ! etc., etc. ;

  1. Dessin qui, dans les lettres de Flaubert, signifie « artiste » ou « artistique ». Il imitait ainsi le geste en zigzag qu’un peintre de Rouen, nommé Melotte, faisait avec le pouce quand il parlait de son art.
  2. Louis Le Poittevin, artiste peintre, cousin de Maupassant, fils d’Alfred Le Poittevin.
  3. Elle était atteinte de la cataracte.