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CORRESPONDANCE

1404. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset, septembre 1873].

Pourquoi es-tu exaspéré des pèlerinages ? La bêtise universelle n’est pas une chose surprenante. Puisque les gens d’ordre croient qu’il faut les amulettes pour préserver des incendies, et que la Droite considère le bonhomme Thiers comme un rouge — ainsi qu’elle a fait pour Lamartine et pour Cavaignac — courbe la tête. Soumets-toi et va à confesse ; tu seras un exemple. Ça moralisera les masses.

Quant à tes Mémoires d’une demoiselle, tu n’as pas compris mes critiques. Je ne disais pas qu’il y avait trop de folichonneries, mais qu’il n’y avait que cela. C’est bien différent. Tout peut passer, mais il faut faire à ce tout un entourage, une sauce.

Pour ce qui est de Saint Antoine, je ne m’en occupe nullement. Ce livre maintenant n’existe plus pour moi. Quand le publierai-je ? Je l’ignore.

Je suis tout entier à des lectures édifiantes, je me bourre à en vomir des œuvres de Mgr Dupanloup et de celles des jésuites modernes, sans compter le reste ; le tout en vue du livre que je commencerai enfin l’été prochain. Le soir, pour me délasser, je compose une grande comédie politique dont je viens de finir le premier acte. Mais aucun gouvernement ne la laissera jouer, parce que j’y roule tous les partis dans la m… ! étant un homme juste.

Je ferai une apparition à Paris lors de la pre-