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DE GUSTAVE FLAUBERT.

semaine prochaine. Ça fera deux mois passés sans voir ma pauvre fille : c’est trop bête !

Je ne te cache pas non plus que prendre l’air, ne serait-ce qu’un jour, me ferait du bien, car, depuis que je suis revenu ici, j’ai travaillé d’une façon insensée. Sache que j’ai fini le premier acte du Candidat, dimanche dernier, à 3 heures ½ du matin ! Maintenant j’expédie un tas de livres assommants ! Je suis écœuré par les élucubrations de MM.  les Jésuites. Et je m’en bourre ! je m’en gorge ! à en crever. Mais je veux en avoir fini cette semaine, pour les envoyer à Mlle Cardinal et me mettre dimanche ou lundi prochain à préparer mon second acte.

Si je continue de ce train-là, j’aurai certainement fini en janvier et peut-être avant ! Il faut que l’été prochain je commence enfin Bouvard et Pécuchet !

Comme il a fait beau hier ! Moi aussi, Madame, j’ai admiré la nature et j’avais bien envie de m’en aller… je ne sais où… de sortir enfin, pour jouir du beau temps. Mais, après un tour de terrasse, je suis remonté dans mon cabinet afin de relever des notes dans le Christianisme de l’abbé Senac, aumônier du collège Rollin ! Voilà !…

Adieu, pauvre chat. Tu ne m’as pas l’air de mener une vie très active, ni très intelligente. Pardon du mot. Que lis-tu ? que fais-tu ? Il me semble que tu ne profites pas beaucoup de la paix des champs, pour te recueillir dans le silence du cabinet.

Et la peinture ? que devient-elle ?

Ta Nounou.