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CORRESPONDANCE

Quand Flavie vient-elle ? N’est-ce pas mardi ? Je serais bien aise de la voir.

Mais c’est toi, surtout, chère Caro, qui me feras plaisir à contempler et à embrasser.

À bientôt donc.

Ton vieux Cruchard qui t’aime.


1390. À MADAME ROGER DES GENETTES.
Lundi soir, 4 août [1873].

Voilà longtemps qu’on n’a causé ensemble, n’est-ce pas, chère Madame ? j’en ai des remords. Votre dernière lettre était si gentille et si bonne ! Mon excuse est un travail excessif. Comme j’étais en veine dramatique, je me suis mis, après m’être débarrassé du Sexe faible, à faire le scénario d’une grande comédie politique ayant pour titre : le Candidat. Si jamais je l’écris et qu’elle soit jouée, je me ferai déchirer par la populace, bannir par le pouvoir, maudire par le clergé, etc. Ce sera complet, je vous en réponds ! Cette idée-là m’a occupé un mois et mon plan remplit trente pages ; ce qui ne m’a pas empêché de continuer mes colossales lectures pour mon roman. Savez-vous combien j’ai avalé de volumes depuis le 20 septembre dernier ? 194 ! Et dans tous j’ai relevé des notes ; de plus, j’ai écrit une comédie et fait le plan d’une autre. Ce n’est pas l’année d’un paresseux.

À propos de livres, procurez-vous tout de suite l’Abandonnée et les Eaux printanières du gigantesque Tourgueneff, puis vous me remercierez.