Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 7.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
CORRESPONDANCE

1389. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, samedi [2 août 1873].

Eh bien ! pourquoi pas de lettre ? As-tu eu la migraine tellement que tu n’as pu m’écrire, pauvre chérie ? Qu’y a-t-il ? Je m’attendais hier ou avant-hier à la visite d’Ernest. Je commence à m’inquiéter et ta nounou va en avoir son lait tourné ! Mais j’espère que demain matin, pour mon dimanche, j’aurai une épître.

Mercredi a été une journée farce. Je venais de reconduire au bateau l’abbé Chalons, quand une voiture s’arrête à la porte. J’ouvre et qu’aperçois-je, ô mon Dieu ? Le gigantesque Arthur Fontenillat et l’inéluctable Mme Doche[1]. Tableau : poignée de main à lui, deux baisers à elle. Ils venaient me faire une visite. Promenade dans le jardin. Grogs à l’eau-de-vie, inspection de tous les appartements et enthousiasme universel.

Bref, tant d’amour avait un but, à savoir : obtenir un rôle dans la pièce de ce bon Flaubert. Pour jouer Mme de Mérilhac[2], le vieil ange Doche rompra son engagement avec l’Odéon, etc. Elle demande un rôle dans ma pièce, à n’importe quelles conditions. Comme je crois qu’elle jouera parfaitement celui de Mme de Mérilhac, je ne demande pas mieux, bien entendu, que de l’avoir. Donc, j’ai pour samedi prochain un rendez-vous

  1. Comédienne de talent, qui créa la Dame aux Camélias.
  2. Personnage du Sexe faible.