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CORRESPONDANCE

Alsace ! Lis donc la Prière de Minerve de Renan (Revue des Deux Mondes, 1er décembre). C’est cela qui n’est pas bourgeois ! Mes amis les Lapierre, qui m’ont prêté ce numéro, m’en ont parlé avec un enthousiasme modéré, mais enfin ils m’ont dit l’avoir lu. Or ils ne l’avaient pas coupé ! C’est d’une belle force ! La princesse Mathilde m’a écrit qu’elle n’y comprenait goutte ! Je crois bien ! À cause de l’article que le même numéro contient sur moi, Laporte l’avait acheté pour me le donner. Quel ami !

Tu ne me parles pas de tes bonnes. Sont-elles satisfaisantes ? Moi, je m’arrange très bien de Noémie, qui même me sert beaucoup mieux qu’Émile ; elle est plus vive et plus prévenante. Mam’zelle Julie vient de temps à autre faire la conversation avec moi, après mon dîner, pendant qu’on arrange mon feu, et nous causons du vieux temps, du père Langlois, etc. Ma troisième femme, Clémence, vient de temps à autre. La semaine dernière, elle a fait la lessive. À propos de ménage, ce que tu me dois (!!!) se monte à la somme de 6 fr. 75.

Je m’étais trompé ; ce n’était pas le châle que je cherchais, mais un vieil éventail vert qui servait à maman dans notre voyage d’Italie. Il me semble que je l’avais mis à part, avec son chapeau, auquel j’ai été faire une visite, dès que j’ai su sa place.

Ah ! chère Caro, tu dis que je suis sensible ! Oh ! Oui, Dieu seul le sait ! Je dors un peu mieux, depuis trois jours. M’étant aperçu que mes atroces maux de tête provenaient de mes insomnies, je m’astreins maintenant à ne pas me coucher passé deux heures, et non à cinq comme