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DE GUSTAVE FLAUBERT.

le joint pour me rappeler au respect de moi-même.

Afin d’aller plus vite en besogne, je resterai ici jusqu’au jour de l’an, peut-être au delà. Tâchez donc de reculer votre séjour à Paris.

Embrassez bien pour moi vos chères petites, mes respects à Mme Maurice, et tout à vous, ex imo.


1618. À TOURGUENEFF.
Novembre 1877, Croisset, samedi 8.

Ma nièce m’avait envoyé de votre chère et gigantesque personne une description lamentable. Quand hier votre lettre m’a, non pas réjoui, mais tranquillisé : enfin (ou du moins pour le moment) vous ne souffrez pas ! Ah ! mon pauvre vieux, comme je vous plains d’être toujours ainsi embêté par cette chienne de goutte. Pouvez-vous travailler un peu, lire, rêvasser à quelque chose de littéraire ?

Je pense absolument comme vous sur le Nabab ! C’est disparate. Il ne s’agit pas seulement de voir, il faut arranger et fondre ce que l’on a vu. La Réalité, selon moi, ne doit être qu’un tremplin. Nos amis sont persuadés qu’à elle seule elle constitue tout l’État ! Ce matérialisme m’indigne, et, presque tous les lundis, j’ai un accès d’irritation en lisant les feuilletons de ce brave Zola. Après les Réalistes, nous avons les Naturalistes et les Impressionnistes. Quel progrès ! Tas de farceurs, qui veulent se faire accroire et nous faire accroire qu’ils ont découvert la Méditerranée.