Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 7.djvu/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.
336
CORRESPONDANCE

1602. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi, 5 heures, 7 août 1876.

Quand tu vas être installée aux Eaux-Bonnes, il faudra tâcher de m’écrire un peu plus souvent, ma chérie ! Tes deux dernières lettres ont eu huit jours d’intervalle. C’est trop pour ton pauvre Vieux !

Je souhaite que les Pyrénées te soient aussi profitables que la Touraine. Mais prends garde qu’il ne faille l’année prochaine aller à Marienbad, si toutefois ce que tu dis est vrai ? À t’en croire, tu deviendrais énorme.

Moi, je continue à hurler comme un gorille dans le silence du cabinet et même aujourd’hui j’ai dans le dos, ou plutôt dans les poumons, une douleur qui n’a pas d’autre cause. À quelque jour, je me ferai éclater comme un obus ; on retrouvera mes morceaux sur ma table. Mais, avant tout, il faut finir ma Félicité d’une façon splendide ! Dans une quinzaine (ou peut-être avant), ce sera fait. Quel effort !

Il paraît que le bon Sabatier a été ému, puisqu’il en a parlé à sa femme. Je n’ai pas de ses nouvelles (de Frankline), car je ne vais point à Rouen, Dieu merci ! Elle m’avait promis sa visite et je ne la vois pas venir. Sa petite fille a des cheveux noirs. Voilà tous les détails que je puis te donner. — Potins de la rive : mon ami X***, ennuyé des calomnies de Mossieu X***, l’a menacé (sur le bateau de La Bouille, et devant l’éluite) de lui flanquer une gifle de Marengo en plein groin, et