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CORRESPONDANCE

Sa présence commence à me fatiguer. N’importe ! je le garde afin de m’emplir l’âme de perroquet.

Qu’ai-je encore à vous conter ? Rien, sinon des choses anciennes. C’est-à-dire que je vous baise les mains.


1600. À GUY DE MAUPASSANT.
[Croisset, août 1876.]
Mon cher Ami,

M. Laugel m’embarrasse. Porter un jugement sur l’avenir d’un homme me paraît chose tellement grave que je m’en abstiens. D’autre part, demander si l’on doit écrire ne me semble pas la marque d’une vocation violente. Est-ce qu’on prend l’avis des autres pour savoir si l’on aime ? Franchement, je ne puis répondre que des banalités. Excusez-moi ! dites-lui que je suis très occupé (ce qui est vrai) et que nous nous verrons l’hiver prochain. En attendant, qu’il travaille. Mon « jugement » sera mieux assis sur un bagage un peu plus lourd.

L’article sur Renan n’a pour moi aucune importance, mais j’ai été indigné de la basse envie démocratique qui en transsude. En effet, il fallait plaire à son public.

Conclusions : S’écarter des journaux ! La haine de ces boutiques-là est le commencement de l’amour du Beau. Elles sont par essence hostiles à toute personnalité un peu au-dessus des autres. L’originalité, sous quelque forme qu’elle se montre, les exaspère. Je me suis fâché avec la Revue de Paris et je me fâche avec la République des Lettres,