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DE GUSTAVE FLAUBERT.

temple. Après saint Antoine, saint Julien ; et ensuite saint Jean-Baptiste ; je ne sors pas des saints. Pour celui-là je m’arrangerai de façon à ne pas « édifier ». L’histoire d’Hérodias, telle que je la comprends, n’a aucun rapport avec la religion. Ce qui me séduit là-dedans, c’est la mine officielle d’Hérode (qui était un vrai préfet) et la figure farouche d’Hérodias, une sorte de Cléopâtre et de Maintenon. La question des races dominait tout. Vous verrez cela, d’ailleurs.

Parlez-moi de vous. Écrivez-moi longuement, très longuement.


1586. À MAURICE SAND.
Croisset, près Rouen, dimanche 25 juin [1876].

Vous m’avez prévenu, mon cher Maurice. Je voulais vous écrire, mais j’attendais que vous fussiez un peu plus libre, plus seul. Merci de votre bonne pensée.

Oui, nous nous sommes compris, là-bas ! (Et si je ne suis pas resté plus longtemps, c’est que mes compagnons m’ont entraîné.) Il m’a semblé que j’enterrais ma mère une seconde fois. Pauvre chère grande femme ! Quel génie et quel cœur ! Mais rien ne lui a manqué, ce n’est pas elle qu’il faut plaindre.

Qu’allez-vous devenir ? Resterez-vous à Nohant ? Cette bonne vieille maison doit vous sembler odieusement vide ! Mais vous, au moins, vous n’êtes pas seul ! Vous avez une femme… rare ! et deux enfants exquis. Pendant que j’étais chez vous,