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CORRESPONDANCE

bon Alexandre Dumas d’avoir fortement contribué à cette bassesse ou convenance. Quant à la belle-fille, elle s’est tenue à l’écart, plus pieuse envers la mémoire de la pauvre femme que tous les autres. Les amis sont restés en dehors du cimetière ; Dumas et le prince Napoléon sont seuls entrés dans l’église. Vous connaissez tous les autres détails.

J’avais fait le voyage en compagnie du Prince, qui a été tout le temps parfait de tact et de simplicité. Renan était avec nous. Je suis revenu à Paris après deux nuits passées en chemin de fer, brisé de corps et d’âme. Le lendemain de mon arrivée à Croisset j’ai appris la mort de mon plus vieux camarade d’école et de collège (Ernest Lemarié, le fils d’un avocat de Rouen) ; et voilà !

Il y avait beaucoup de monde à l’enterrement de George Sand. Quinze personnes étaient venues de Paris. Il pleuvait à verse. Une foule de bonnes gens de la campagne marmottaient des prières en roulant leur chapelet. Cela ressemblait à un chapitre d’un de ses romans. J’ai été tout étonné de ne pas y voir Mme Plessis. Que devient-elle ? Comme je n’aime pas les choses solennelles, irrévocables, je n’ai point assisté à sa représentation d’adieu. Une fois, cet hiver, après votre départ, je me suis présenté chez elle sans la trouver.

Avez-vous lu les Dialogues philosophiques de Renan ? Moi, je trouve ça très haut, très beau. Connaissez-vous les Fioretti de saint François ? Je vous en parle parce que je viens de me livrer à cette lecture édifiante. Et, à ce propos, je trouve que, si je continue, j’aurai ma place parmi les lumières de l’Église. Je serai une des colonnes du