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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’avais commencé un grand roman, mais je l’ai quitté pour le moment et j’écris des choses courtes, ce qui est plus facile. L’hiver prochain, j’aurai trois nouvelles prêtes à publier.

Je vis maintenant entièrement seul (pendant l’été du moins) et, quand je ne travaille pas, je n’ai pour compagnie que mes souvenirs qui succèdent à mes rêves, et ainsi de suite.

La pauvre Mme Sand m’avait souvent parlé de vous, ou plutôt nous avions souvent causé de vous ensemble ; vous l’intéressiez beaucoup. Il fallait la connaître comme je l’ai connue pour savoir tout ce qu’il y avait de féminin dans ce grand homme, l’immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie. Elle restera une des illustrations de la France et une gloire unique.

Comment va votre esprit ? Lisez-vous toujours de la philosophie ? Je vous recommande le dernier volume de Renan. Il vous plaira. Et ne soyez pas si longtemps sans m’écrire, car je suis tout à vous.


1584. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset, [lundi 19 juin 1876].

Je serais bien aise d’avoir de vos nouvelles, Princesse, ou plutôt chère Princesse (car pourquoi ne pas vous appeler tout haut comme je vous nomme tout bas). Il doit faire beau à Saint-Gratien et je vous suppose sinon heureuse du moins tranquille.

Moi, me voilà revenu dans cette vieille maison, à laquelle je tiens par l’attache des souvenirs et