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CORRESPONDANCE

lettre que je reçois. Elle est bien intime, charmante et douce ; enfin, elle te ressemble.

Tâchons de nous habituer à notre sort, sans perdre l’espoir qu’il changera.

Encore un bon baiser, pauvre chère fille.


1557. À SA NIÈCE CAROLINE.
Concarneau, lundi soir. [11 octobre 1875].

Un mot seulement, pauvre loulou. J’ignore ton adresse, ou plutôt notre adresse à Paris. Quel est le numéro ? mais tu seras sans doute partie quand cette lettre arrivera au pauvre Croisset.

Lis ce que la mère Sand m’écrit sur lui (Croisset) : « Si ce n’était pas au-dessus de mes moyens, je l’achèterais et tu y passerais ta vie durant. Je n’ai pas d’argent, mais je tâcherais de placer un petit capital. Réponds-moi sérieusement, je t’en prie ; si je puis le faire, ce sera fait. »

Hein ? Qu’en dis-tu ?

Ça m’ennuie de te savoir toujours assaillie de migraines ! Il faut aller voir un médecin ; mais je crois que le meilleur remède serait une meilleure fortune.

Je me suis hier promené pendant trois heures. Aujourd’hui, il pleut et il fait froid. J’ai travaillé tout l’après-midi, pour faire dix lignes ! Mais je n’en suis plus à me désespérer. Espérons que la « surface » (comme tu dis) deviendra décente.

Un bon baiser sur chaque joue.

Vieux.