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CORRESPONDANCE

1553. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Concarneau], samedi, 6 heures [2 octobre 1875].

[…] Pouchet est revenu hier et, aujourd’hui il m’a donné deux leçons d’histoire naturelle en disséquant devant moi, avant le déjeuner, une raie et, après le déjeuner, un mollusque hideux qu’on appelle « lièvre de mer ». Après quoi, j’ai fait un somme de deux heures sur mon lit, car je m’étais fort empiffré avec un tourteau, et monsieur était complètement abruti. L’ordinaire de l’auberge Sergent est surabondant : il y a à tous les repas sept ou huit plats, parmi lesquels figurent toujours de la salicoque et du homard. Si ton pauvre mari était ici, comme il se régalerait !

Le temps est devenu froid ; il faut mettre les habits d’hiver et nous ne nous baignons plus.

Et toi, pauvre fille, comment vas-tu ? Tu m’écris des lettres tendres et morales, mais sans aucun détail sur ton existence. As-tu repris ta chère peinture ? Etc. Demain, j’écrirai plusieurs lettres ; puis, lundi, je veux me mettre à écrire Saint Julien l’Hospitalier.

Que va faire Ernest, maintenant ? Il ferait bien de se reposer un peu. Pourvu qu’aucun de vous deux ne tombe malade, après toutes ces émotions ! Je ne t’ai pas dit que je suis en traitement pour mon front ; mais, jusqu’à présent, je ne m’aperçois pas qu’il y ait grand changement.

Je t’embrasse bien fort.

Ton vieil oncle qui t’aime.