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DE GUSTAVE FLAUBERT.

prends un bain de mer. Hier nous avons été voir un pardon aux environs (à Pont-Aven). Aujourd’hui j’ai passé tout l’après-midi au vivier, où j’ai vu deux homards changer de carapace.

Tantôt, à midi, Pouchet et moi, nous avons envoyé à M. et Mme Sabatier[1] un petit mot d’affection par le télégraphe. Il leur sera parvenu avant la visite que tu dois leur avoir faite : de cette manière-là tu auras de mes nouvelles. Concarneau est un charmant pays. Quelles bonnes vacances j’y passerais si j’avais l’esprit libre et le cœur desserré ! Tout m’y rappelle le Trouville du bon vieux temps.

Si je n’avais pas de difficulté matérielle à écrire, je t’en ferais une description. Quand mes pauvres nerfs seront-ils un peu raffermis ? Ah ! ton pauvre vieux bonhomme d’oncle est bien démoli, ma chère enfant. Ma lettre ne partira que demain matin, à 8 heures, et ne doit pas t’arriver avant après-demain jeudi, dans l’après-midi. Ainsi je ne puis avoir de réponse à cette lettre avant dimanche, à 4 heures du soir ! Dis-moi si je ne me trompe pas dans mon calcul.

Julio s’est-il consolé de mon absence ? Donne-lui un baiser sur le front, de ma part.

As-tu repris la peinture ?

J’ai rêvé de Croisset toute la nuit dernière.

Ma pensée ne vous quitte pas.

Adieu, pauvre chat, je t’embrasse tendrement.

Ton vieux.


  1. L’amie de Mme Commanville, Frankline Grout, dont il est très souvent question dans ces Lettres à sa nièce, venait d’épouser Auguste Sabatier, le savant professeur de théologie de la Faculté de Strasbourg.