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CORRESPONDANCE

nent pas d’en avoir vu. Pendant trois heures, il a plu et tonné d’une façon prodigieuse. Les plafonds de mon cabinet, de mon cabinet de toilette et de la chambre de notre pauvre mère ont été traversés. J’ai cru un moment que la maison allait crouler sur moi, et j’étais dans un joli état moral. Le dégât n’est pas grand, seulement il faut tout de suite faire relever les plafonds. Senart est venu voir ce qu’il y avait à faire. Le plombier s’y mettra demain. Ce ne sera pas grand’chose comme frais.

L’orage m’avait agité, et j’ai eu une bien mauvaise nuit, un cauchemar dont je sens encore l’influence.

Putzel ne me quitte pas, mais la pauvre petite bête a l’air triste. Et toi, pauvre Caro, comment vas-tu ? Tu dois être énervée par le déménagement.

Quand finira notre état d’angoisse ? Aurons-nous de meilleurs jours ? Fais toutes mes amitiés à la bonne Flavie, et embrasse pour moi ton pauvre mari.

Adieu, ma chère fille. À bientôt, n’est-ce pas ? Tu as raison : il faut nous écrire tous les jours pendant ton absence. Donne-moi des détails sur tout.

Ton pauvre vieux.

1538. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, vendredi 5 heures, 9 juillet 1875.

La vie continue à n’être pas drôle, ma chère Caro ! Et je me sens de plus en plus bas. Ma seule