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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1488. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, dimanche matin, 30 août 1874.

C’est le moment de « te montrer sublime », ma chérie. Néanmoins ton pauvre mari préférerait sans doute se priver d’un aussi beau spectacle (celui de la sublimité). Je le plains énormément, car il n’est pas habitué à souffrir ! et l’impossibilité de se rendre « à ses affaires » doit le mettre en rage.

Je suis curieux de savoir jusqu’où ira la liaison avec Mme Carvalho. Elle est très aimable et je la crois pleine de raison ; mais elle n’a pas pour moi le charme de Mme Viardot.

J’ai hier passé tout mon après-midi au théâtre de Cluny. Il est probable que mes répétitions commenceront vers le 10 novembre. On a engagé deux ou trois artistes que je ne connais pas, entre autres une demoiselle Kléber, qui vient d’Égypte, et dont Weinschenk est enthousiasmé. J’irai demain voir pour deux de mes acteurs. J’ai réglé les appendices à mettre à la fin de Salammbô. On les imprime et l’édition paraîtra dans très peu de jours, ainsi qu’un nouveau tirage de Madame Bovary. On m’a envoyé de Strasbourg une traduction de Saint Antoine[1] avec préface et biographie de l’auteur. La préface est très élogieuse bien entendu… !

  1. Bernhart Endrulat : Die Versuchung des heiligen Antonius… mit einem Vorwort und Erlauterer’s Anmerkungen. — Strassburg, Wolff, 1874. Gr. in-8o.