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DE GUSTAVE FLAUBERT.

chaque syllabe de Bouvard et Pécuchet. Ce livre est diabolique ! J’ai peur d’avoir la cervelle épuisée ; c’est peut-être que je suis trop plein de mon sujet et que la bêtise de mes deux bonshommes m’envahit.

J’ai pensé beaucoup à toi aujourd’hui, pauvre chat. Tu es au milieu de gens qui te plaisent. Tu t’amuses et probablement tu ris ! Moi, je tire sur ma cervelle pour faire venir des idées qui ont du mal à venir. Il pleut, et de loin je t’embrasse.

Vieux.

J’attends une description narrative, ou narration descriptive, du voyage d’Étretat.


1487. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, vendredi matin, 28 août 1874.

Comme tu as de la société, mon cher loulou ! Est-ce que, vraiment, cette brillante compagnie, cette suite de visites te retiendra à Neuville jusqu’à la fin d’octobre ? et que d’ici là le pauvre Vieux doit se résigner à n’avoir pas ta compagnie, à Croisset ? N’importe ! quand je serai de retour, si tu ne peux venir, j’irai te voir, car il m’ennuie de toi démesurément, pauvre fille. J’ai peur avec l’âge de ressembler tout à fait à ta grand’mère. J’y tourne ! Ce qu’il y a de sûr, c’est que le Rigi ne m’a pas fait de bien, moralement parlant. Je crois que les spectacles sublimes m’ont abêti.