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DE GUSTAVE FLAUBERT.

rience ? Et tâchez, d’après leur opinion, de tirer une conclusion pratique ! Et songez que Mme Sand croit à ces messieurs et écoute leur avis ! Quoi qu’il en soit, la dite pièce sera jouée après celle de Zola, probablement en novembre. J’entrerai en répétition vers le milieu d’octobre. Cela va me faire perdre deux mois et peut-être me valoir de nouvelles avanies. Mais je m’en moque profondément. La moindre des phrases de B. et P. m’inquiète plus que le Sexe faible tout entier.

Votre dernière lettre me paraît mélancholieuse ? Si je me laissais aller, je pourrais vous donner la réplique. Car moi aussi je suis terriblement embêté, par tout, et principalement par mon propre individu. Il me semble par moments que je deviens idiot, que je n’ai plus une idée et que mon crâne est vide, comme un cruchon sans bière. Mon séjour (ou plutôt mon oisiveté crasse) au Rigi m’a abruti. On ne devrait jamais se reposer, car du moment qu’on ne fait plus rien, on songe à soi et dès lors on est malade, ou l’on se trouve malade, ce qui est synonyme.

Et vous, mon pauvre vieux, comment va cette goutte ? Puisque Karlsbad vous avait fait l’année dernière beaucoup de bien, pourquoi n’en serait-il pas de même cette année ?

Si vous revenez vers le commencement de septembre, il est possible que je vous voie à Paris, car j’y passerai peut-être à ce moment-là deux ou trois jours. En tout cas, je compte sur vous cet automne à Croisset. Mon bouquin sera en train et nous pourrons en causer jusque dans les moelles.

La politique devient incompréhensible de