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DE GUSTAVE FLAUBERT.

refaire d’un bout à l’autre ». Tirez une conclusion maintenant ! et écoutez leurs avis ! N’importe ! comme ces quatre messieurs sont les maîtres de vos destinées, parce qu’ils ont de l’argent, et qu’ils ont plus d’esprit que vous, n’ayant jamais écrit une ligne, il faut les en croire et se soumettre.

C’est une chose étrange combien les imbéciles trouvent de plaisir à patauger dans l’œuvre d’un autre, à rogner, corriger, faire le pion ! Vous ai-je dit que j’étais, à cause de cela, très en froid avec le nommé *** ? Il a voulu remanier, dans le temps, un roman que je lui avais recommandé, qui n’était pas bien beau, mais dont il est incapable de tourner la moindre des phrases. Aussi ne lui ai-je point caché mon opinion sur son compte ; inde irae. Cependant il m’est impossible d’être assez modeste pour croire que ce brave Polaque soit plus fort que moi en prose française. Et vous voulez que je reste calme ! chère maître ! Je n’ai pas votre tempérament ! Je ne suis pas, comme vous, toujours planant au-dessus des misères de ce monde. Votre Cruchard est sensitif comme un écorché. Et la bêtise, la suffisance, l’injustice l’exaspèrent de plus en plus. Ainsi la laideur des Allemandes qui m’entourent me bouche la vue du Rigi !!! Nom d’un nom ! quelles gueules !

Dieu merci, « de mon horrible aspect je purge leurs États ! ».