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CORRESPONDANCE

du Figaro, et je me suis réveillé comme j’étais en train d’injurier l’honorable Villemessant.

Depuis quinze jours que je suis ici, je m’ennuie à crever, car n’ayant apporté aucun livre, aucun travail, je songe à moi, et du moment que l’on songe à soi, on se trouve malade et on finit par le devenir. Aujourd’hui, cependant, comme on m’a donné une chambre plus large et que le moment de mon départ approche, le pays commence à me plaire et je m’en irai peut-être avec regret.

Ne sachant que faire, j’ai creusé deux ou trois sujets, encore dans les limbes, entre autres un grand livre en trois parties qui sera intitulé : « Sous Napoléon III » ; mais quand le commencerai-je ?

À propos de Napoléon III, n’êtes-vous pas écœurée comme moi par messieurs les bonapartistes ? Quelles sales canailles ! On a beau dire : je ne crois pas à leur triomphe. Il y a un an, à pareille époque, nous étions plus près de Henri V que nous ne le sommes de Napoléon IV ; et maintenant M. de Chambord est définitivement coulé. Il en sera de même bientôt du crapaud impérial. Et puisque nous causons politique, je vous dirai que notre amie *** me paraît en cette matière (comme en beaucoup d’autres) très peu forte ; d’où lui vient, par exemple, son acharnement contre le père Hugo, qui est un homme exquis ? Plus on le fréquente, plus on l’aime.

Autre guitare : le Sexe faible, comédie en cinq actes, de Bouilhet, refaite par votre esclave indigne, avait été l’année dernière reçue au Vaudeville avec enthousiasme. Après l’échec du Candidat on n’en a plus voulu. Perrin a trouvé qu’il était inconvenant de mettre sur les planches du Théâtre-Français