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CORRESPONDANCE

l’autre. J’aurais préféré qu’il consultât Piorry ou Sée.

[…] Il me semble que cette fois vous ne vous êtes pas follement amusés en Scandinavie. Espérons que vos promenades hyperboréennes ne se renouvelleront pas de sitôt ! Quant à moi, je m’ennuie un peu moins, mais les premiers jours c’était intolérable. Je n’ai encore adressé la parole à personne. Oh ! je me repose le larynx. Quant aux dames que tu m’engages à courtiser, une pareille occupation est au-dessus de mes forces : elles sont toutes fort laides, mal habillées, grotesques, et Messieurs leurs époux, idem.

Presque tous les soirs il y a des orages, si bien qu’à l’heure destinée pour la promenade, je suis contraint de rester dans ma modeste chambre. 4 francs par jour ! Tu vois que je ne fais pas de folies ! Enfin dans huit jours le bon Laporte arrive, et avant la fin de la semaine prochaine, vers le 24 sans doute, je serai à Paris. Mais d’ici là, mon loulou, il faut m’écrire souvent pour me dédommager un peu. Les lettres n’arrivent de Paris que le troisième jour, le surlendemain.

Je t’ai dit, sans doute, qu’en désespoir de cause j’avais porté le Sexe faible au théâtre de Cluny. Le directeur m’a écrit (dès le surlendemain de notre entrevue, le 30 juin) une lettre restée quelques jours à Croisset et qui m’est parvenue hier. Cette épître est pleine d’enthousiasme. Il trouve ma pièce « parfaite » et croit à « un grand succès d’argent »… Il va engager un jeune premier du Gymnase pour le rôle de Paul, et Alice Regnault pour celui de Victoire. Son intention est de jouer la pièce le plus tôt possible, au mois d’octobre.