Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 7.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
CORRESPONDANCE

1467. À SA NIÈCE CAROLINE.
Kaltbad-Rigi (Suisse), mercredi soir, 6 heures, 8 juillet 1874.
Mon pauvre Chat,

Comme je m’ennuyais énormément de n’avoir pas de vos nouvelles, j’ai ce matin écrit un mot à Daviron, par le télégraphe. Il vient de me faire répondre : « Voyageurs arrivent demain à Paris. »

Vous voilà de retour. Mais pourquoi si tôt ? L’un de vous est-il malade ? ou y a-t-il quelque anicroche dans les affaires ? Il est bon de te dire que la Suisse ne m’égaie pas et même qu’elle me tourne au noir. Si je continuais longtemps une vie pareille, je deviendrais absolument hypocondriaque. Jamais de la vie je ne me suis plus mortellement ennuyé. Les huit jours qui viennent de s’écouler m’ont semblé trois siècles. Bien que je fasse, chaque après-midi, de deux à trois heures de promenade, j’ai perdu l’appétit : voilà comme l’exercice m’est favorable. Il est vrai que je n’ai plus mal à la tête et que je suis peut-être un peu moins rouge.

Enfin, j’aspire comme un prisonnier au moment de la délivrance. Je compte que mon ami Laporte viendra me chercher vers vendredi ou samedi de la semaine prochaine et que huit jours après (encore quinze jours de Suisse !) je serai à Paris.

J’y aurai probablement à faire, car le Sexe faible m’a l’air d’être reçu à Cluny : du moins, j’en ai vu la nouvelle dans le Figaro et dans le XIXe Siècle. On l’annonce comme devant être