Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 7.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
CORRESPONDANCE

On m’a corné les oreilles avec le retour de l’Empire. Je n’y crois pas ! Cependant ?… Alors, il faudrait s’expatrier. Mais où et comment ?

C’est pour une pièce, que vous êtes venue ? Je vous plains d’avoir affaire à Dusquesnel ! Il m’a fait remettre le manuscrit du Sexe faible par l’intermédiaire de la direction des théâtres, sans un mot d’explication, et dans l’enveloppe ministérielle se trouvait une lettre du sous-chef, qui est un morceau ! Je vous la montrerai. C’est un chef-d’œuvre d’impertinence ! On n’écrit pas de cette façon-là à un gamin de Carpentras apportant un vaudeville au théâtre Beaumarchais.

C’est cette même pièce, le Sexe faible, qui, l’année dernière, avait enthousiasmé Carvalho ! Maintenant personne n’en veut plus, car Perrin trouve qu’il serait inconvenant de mettre sur la scène des Français « une nourrice et un berceau ». Ne sachant qu’en faire, je l’ai portée au théâtre de Cluny.

Ah ! que mon pauvre Bouilhet a bien fait de crever ! Mais je trouve que l’Odéon pourrait marquer plus d’égards pour ses œuvres posthumes.

Sans croire à une conjuration d’Holbachique, je trouve aussi qu’on me trépigne un peu trop depuis quelque temps ; et on est si indulgent pour certains autres !

L’Américain H[arrisse] m’a soutenu l’autre jour que Saint-Simon écrivait mal. Là, j’ai éclaté et je l’ai traité d’une façon telle qu’il ne recommencera plus devant moi l’éructation de sa bêtise. C’était chez la Princesse, à table ; ma violence a jeté un froid.

Vous voyez que votre Cruchard continue à