Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 7.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
CORRESPONDANCE

la plus complète somnolence. L’orchestre, les danseurs, les loteries, et jusqu’aux chevaux de bois, tout avait l’air de roupiller. Aucun « joyeux drille », pas même un pochard ! À la vue d’un quinquet, j’ai aperçu le Pseudo donnant le bras à une petite dame. Puis, je me suis recollé au coin de mon feu.

Nouvelles locales : Raoul-Duval vient d’acheter le domaine de Vaudreuil, prix 700 000 francs.

Nouvelles politiques : la République a été reconnue hier par 4 voix de majorité. Si Gambetta n’avait pas reçu une gifle de M. de Sainte-Croix, on n’aurait pas eu peur des Bonapartistes, et on n’aurait pas voté une loi qui les brise. Voilà comme les petites causes amènent de grands effets. Philosophons un peu !

Nouvelles de la maison : les hommes des ponts et chaussées sont venus voir les cales. La fenêtre du grenier où il manquait un carreau se trouve être pourrie. J’ai commandé à Senart d’en faire une autre. M. Saucisse, propriétaire à Deauville, m’écrit pour me demander de fixer un bornage. Je vais envoyer une lettre à Bidault pour qu’il l’expédie au notaire de « la localité », afin que Saucisse ne me joue pas un pied de cochon.

Nouvelles des chiens : Miss est heureusement accouchée de trois toutous ; la mère et les enfants se portent bien. M. Julio, présentement, dort. Je ne sais rien de Putzel à laquelle je pense, et toi aussi, j’en suis sûr.

Nouvelles de l’Assemblée nationale : M. et Mme Agénor Bardoux ont, ce matin, l’honneur de me faire part de la naissance de leur fils Jacques.

Quoi encore ? C’est tout, il me semble.