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CORRESPONDANCE

prend, comme à la lecture d’un conte fantastique, et vous arrivez à cet effet-là par l’excès de la réalité, par l’intensité du vrai ! Le lecteur sent que la tête lui tourne comme à Mouret lui-même.

L’insensibilité des bourgeois qui contemplent l’incendie, assis sur des fauteuils, est charmante, et vous finissez par un trait sublime : l’apparition de la soutane de l’abbé Serge au chevet de sa mère mourante, comme une consolation ou comme un châtiment !

Une chicane, cependant. Le lecteur (qui n’a pas de mémoire) ne sait pas quel instinct pousse à agir comme ils font Me Rougon et l’oncle Macquart. Deux paragraphes d’explication eussent été suffisants. N’importe, ça y est, et je vous remercie du plaisir que vous m’avez fait.

Dormez sur vos deux oreilles, c’est une œuvre.

Mettez de côté pour moi toutes les bêtises qu’elle inspirera. Ce genre de documents m’intéresse.

Je vous serre la main très fort, et suis (vous n’en doutez pas) vôtre.


1547. À GEORGES CHARPENTIER.
[Début juin 1874].
Mon cher Georges,

Ci-inclus un petit billet dont vous ferez ce que bon vous semblera. 1o  Ne serait-il pas temps que vous alliez (ou allassiez), proprio motu, chez le bon Renan pour lui demander ce qu’il compte élucubrer ? et quand