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CORRESPONDANCE

Vous qui êtes si stoïque, prêchez-moi la philosophie, là-dessus du moins.

J’en aurais besoin (si j’avais moins d’orgueil) pour supporter toutes les critiques que l’on m’éructe. La symphonie est complète. Aucun des journaux ne manque à sa mission. Aujourd’hui c’est le bon Saint-René Taillandier. Lisez son élucubration ; il y a de quoi rire. Mon Dieu ! sont-ils bêtes ! quels ânes ! Et je sens, en dessous, de la haine contre ma personne. Pourquoi ? et à qui ai-je fait du mal ? Tout peut s’expliquer par un mot : je gêne ; et je gêne encore moins par ma plume que par mon caractère, mon isolement (naturel et systématique) étant une marque de dédain.

J’ai eu, dans le Bien Public, un article d’énergumène. Un jeune homme dont j’ignorais l’existence, M. Drumont, m’a mis tout bonnement au-dessus de Goethe, appréciation qui prouve plus d’enthousiasme que d’esprit. À part celui-là (car je ne compte pas quelques alinéas bienveillants), j’ai été généralement honni, bafoué par la presse. Saint-Victor (dévoué à Lévy) ne m’a même pas accusé réception de mon volume et je sais qu’il me déchire. Le père Hugo (que je vois assez souvent et qui est un charmant homme) m’a écrit une « belle » lettre et m’a fait de vive voix quelques compliments. Tous les Parnassiens sont exaltés, ainsi que beaucoup de musiciens. Pourquoi les musiciens plus que les peintres ? Problème !

Votre ami, le Père Didon, est, à ce qu’il paraît, au nombre de mes admirateurs. Il en est de même des professeurs de la Faculté de théologie