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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1428. À GEORGE SAND.
[Paris, 30 décembre 1873].

Puisque j’ai un moment de tranquillité, j’en profite pour causer un peu avec vous, chère bon maître. Et d’abord, embrassez de ma part tous les vôtres, et recevez tous mes souhaits de bonne année.

Voici maintenant ce qu’il advient de votre P. Cruchard.

Cruchard est très occupé, mais serein (ou serin ?) et fort calme, ce qui étonne tout le monde. Oui, c’est comme ça. Pas d’indignation ! pas de bouillonnements ! Les répétitions du Candidat sont commencées, et la chose paraîtra sur les planches au commencement de février. Carvalho m’en a l’air très content. Néanmoins, il a tenu à me faire fondre deux actes en un seul, ce qui rend le premier acte d’une longueur démesurée.

J’ai exécuté ce travail en deux jours, et le Cruchard a été beau. Il a dormi sept heures en tout, depuis jeudi matin (jour de Noël) jusqu’à samedi, et il ne s’en porte que mieux.

Pour compléter mon caractère ecclésiastique, savez-vous ce que je vais faire ? Je vais être parrain. Mme Charpentier, dans son enthousiasme pour Saint Antoine, est venue me prier d’appeler Antoine l’enfant qu’elle va mettre au monde. J’ai refusé d’infliger à ce jeune chrétien le nom d’un homme si agité, mais j’ai dû accepter l’honneur qu’on me faisait.