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CORRESPONDANCE

la réussite, mais j’ai peur que mon œuvre y perde en ampleur. Enfin, lundi prochain nous arrêterons tout décidément.

La pièce sera demain à la Censure. Et nous n’avons aucune crainte. D’ailleurs, j’ai pris des mesures politiques. Et puis, je crois que je vais lâcher Saint Antoine. Ah !

Charpentier commence à imprimer Salammbô. Tu vois, chérie, que je ne m’endors pas.

Enfin j’ai très bon espoir ! Est-ce que la chance va tourner ?

Qu’ai-je vu dans le cabinet de Carvalho, immédiatement après ma lecture ? « Tout-Paris[1] » lequel s’est tout de suite et beaucoup informé de Mme Commanville. — Maintenant j’éprouve le besoin de me reposer pendant quelque temps.

J’ai lu, tantôt, comme un ange ! Pas d’enrouement, pas d’émotions (il n’en avait pas été de même l’autre dimanche, à Croisset), et je suis « adoré de ces dames ». Ah ! on me fait des politesses ! J’ai une petite mère Rousselin qui est bien jolie, trop jolie pour le rôle ; quand à son talent, problème ! Voilà tout ce que j’ai à te dire, mon pauvre chat.

En sortant du bureau télégraphique du Grand-Hôtel, j’ai rencontré Cernuschi. Demain je déjeune chez lui, après quoi il me montrera ses curiosités japonaises. Je n’ai encore fait aucune visite. Mais demain et après-demain je vais me répandre, bien que demain soir je reprenne les lectures pour Bouvard et Pécuchet : ce qui est plus sérieux que le théâtre.

  1. Surnom donné par Flaubert à Amédée Achard.