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DE GUSTAVE FLAUBERT.

chain, en orner mes salons, afin de briller à tes dépens.

Maintenant revenons au Vaudeville. J’ai commencé la lecture, calme comme un dieu et tranquille comme Baptiste. Pour se donner du ton, Monsieur s’était coulé dans le cornet une douzaine d’huîtres, un bon beefsteak et une demie de Chambertin avec un verre d’eau-de-vie et un de chartreuse.

J’ai lu sur le théâtre, à la lueur de deux carcels et devant mes vingt-six acteurs. Dès la seconde page, rires de l’auditoire et tout le premier acte a extrêmement amusé. L’effet a faibli au second acte. Mais le troisième (le salon de Flore) n’a été qu’un éclat de rire, on m’interrompait à chaque mot. Et le quatrième a « enlevé tous les suffrages ». La scène du mendiant (que tu ne connais pas) a été trouvée sublime, et le mot de la fin : « Je vous en réponds ! » a paru exquis de comique. En un mot, ils croient tous à un grand succès.

Cependant (car il y a toujours un cependant), peut-être vais-je faire encore des corrections ? Je me suis aperçu, aujourd’hui, que décidément Carvalho s’y connaît. Ses observations concordent avec celles de d’Osmoy et du bon Tourgueneff qui a passé, avant-hier mardi, toute la journée chez moi. Il est revenu le soir après son dîner et ne s’en est allé qu’à 1 heure du matin ! Il n’y a que les gens de génie pour avoir de ces complaisances.

Carvalho ne veut pas qu’on puisse m’empoigner sur quoi que ce soit ; il demande une chose parfaite. Il a peut-être raison au point de vue de