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CORRESPONDANCE

vient pas d’aller voir à la poste s’il y a des lettres !

2o  Dans ta lettre du 29 novembre, tu me préviens qu’il faut t’écrire Hôtel Rydberg ;

3o  La veille, Daviron m’avait bien recommandé, de votre part, de vous écrire au Kung-Karl, puis au Rydberg ;

4o  Dans ton épître du 25 (reçue hier), tu me dis de t’écrire au Russ-Hov. Ah ! loulou, loulou ! sont-ce les dîners des bons Suédois ou le froid qui te bouche la mémoire ? Bref, tu vois, mon pauvre chat, que je suis bien innocent si tu n’as pas plus régulièrement des lettres de ton Vieux.

Je suis bien content de voir que ta santé est bonne, et que tu te sens plus robuste. Maintenant je commence mes narrations dramaturgiques.

Carvalho est arrivé samedi à 4 heures. Embrassade, suivant les us des gens de théâtre. À 5 heures moins dix minutes, a commencé la lecture du Candidat, qu’il n’a interrompue que par des éloges. Ce qui l’a le plus frappé, c’est le cinquième acte, et, dans cet acte, une scène où Rousselin a des sentiments religieux, ou plutôt superstitieux. Nous avons dîné à 8 heures et nous nous sommes couchés à 2.

Le lendemain, nous avons repris la pièce, et alors ont commencé les critiques ! Elles m’ont exaspéré, non pas qu’elles ne fussent, pour la plupart, très judicieuses, mais l’idée de retravailler le même sujet me causait un sentiment de révolte et de douleur indicible. Note que notre discussion a duré tout le dimanche, jusqu’à deux heures du matin ! et que ce jour-là j’avais les Lapierre à dîner ! Ah ! je me suis peu diverti ! Pour dire le