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CORRESPONDANCE

lecture de ta lettre, qui était très bonne et bien suffisante. Elle les a cinglés ; nous avions trouvé l’endroit sensible.

J’ai été, dans le dialogue, plus content de Duquesnel que de Chilly. Il s’est même emporté contre toi de telle façon que je l’ai prié de se taire. Enfin, après avoir chicané et bataillé pendant une heure, pour en finir j’ai fait un rabais.

Alors il a été attendri et j’ai cru que nous allions nous embrasser. Bref, nous nous sommes quittés les meilleurs amis du monde, si bien que je lui ai promis (sur sa prière) de ne te rien dire de son « mouvement de vivacité ».

Le dialogue a été beau et la pantomime sublime. Je m’étais cuirassé de patience dans la rue. Aussi n’ai-je pas perdu la boule, mais j’ai vu le moment où tout allait se brouiller.

Veux-tu que je te dise le fond de mon opinion ? Aïssé sera jouée au mois de février. Le Bâtard (que j’irai voir moi-même un de ces jours) n’a pas la vie si longue qu’on le dit. Ils font 1 500 francs. Latour Saint-Ybars tombera et l’Autre ne dépassera peut-être pas 50 à 60 représentations.

Je ne sais pas encore quand j’irai à Croisset. Il faut que mon bouquin soit paru et que j’aie fait mes distributions d’exemplaires. Ce sera probablement dans le commencement de décembre, ou à la fin de novembre.

Quelles sont les pièces de vers mises en musique qu’on pourrait chanter à la Représentation pour le monument ? (c’est à voir). Elle aura lieu en janvier.

Quant à Achille, fais absolument ce que tu voudras. Va lui faire une visite et demande-lui,