Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 6.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
CORRESPONDANCE

sur un poignard), tous ceux-là doivent vous être reconnaissants pour ce petit conte qui en dit si long sur leur jeunesse ! Quelle fille existante que Zinotchka. C’est une de vos qualités que de savoir inventer des femmes. Elles sont idéales et réelles. Elles ont l’attraction de l’auréole. Mais ce qui domine toute cette œuvre et même tout le volume, ce sont ces deux lignes : « Je n’éprouvais pour mon père aucun sentiment mauvais. Au contraire, il avait encore grandi pour ainsi dire, à mes yeux. » Cela me semble d’une profondeur effrayante. Sera-ce remarqué ? Je n’en sais rien. Mais, pour moi, voilà du sublime.

Oui, cher confrère, j’espère que nos relations n’en resteront pas là, et que notre sympathie deviendra de l’amitié.

D’ici là mille poignées de main de votre


1041. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Mardi matin [été de 1869].

Comment allez-vous, Princesse ? Vous reposez-vous suffisamment sous les beaux ombrages de Saint-Gratien ?

Quant à moi je m’ennuie de vous, démesurément. Voilà la vérité toute crue, et je compte les semaines qui me séparent de mon retour.

Le rhume que j’ai attrapé, la dernière semaine de mon séjour à Paris, s’est ajouté à ma vieille fatigue et, depuis que je suis revenu ici, je ne fais guère que dormir. J’ai repris cependant de