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DE GUSTAVE FLAUBERT

Vous ne me dites pas comment vous allez. Êtes-vous toujours aussi triste ? Ah ! l’existence n’est pas drôle ! Et le soleil brille, l’eau continue à couler, le ciel est splendide.

Je vous envoie tout ce que j’ai de meilleur dans l’âme, je me mets à vos pieds, Princesse, je vous baise les deux mains et je suis

tout à vous.

J’espère vous aller voir dans dix à douze jours, puis, à partir du 1er  septembre, ne plus bouger de Paris (sauf peut-être pendant une huitaine que je prendrai au mois de septembre, pour aller chez le père Cloquet, à Lamalque).

L’idée de vous voir bientôt, un peu longuement, est ma seule consolation présente.


1039. À SAINTE-BEUVE.
Vendredi matin. [23 juillet 1869.]

Merci de votre bonne lettre, mon cher maître. Je suis broyé, et la fatigue physique domine tout.

Mon pauvre Bouilhet est mort en philosophe et sans l’assistance d’aucun ecclésiastique. Sa fin a été hâté par ses sœurs qui sont venues lui faire des scènes religieuses et qui voulaient s’emparer du mobilier. Je vous donnerai plus tard des détails si vous y tenez.

Quant à moi, qui conduisais le deuil, j’ai fait bonne figure jusqu’aux discours, exclusivement. J’aime la littérature plus que personne ; mais je