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DE GUSTAVE FLAUBERT

mille personnes au moins ! Préfet, procureur général, etc… toutes les herbes de Saint-Jean. Eh bien ! croirais-tu qu’en suivant son cercueil je savourais très nettement le grotesque de la cérémonie ? J’entendais les remarques qu’il me faisait là-dessus ; il me parlait en moi, il me semblait qu’il était là, à mes côtés, et que nous suivions ensemble le convoi d’un autre. Il faisait une chaleur atroce, un temps d’orage. J’étais trempé de sueur, et la montée du Cimetière Monumental m’a achevé. Son ami Caudron avait choisi son terrain près de celui du père Flaubert. Je me suis appuyé sur la balustrade pour respirer. Le cercueil était sur les bâtons, au-dessus de la fosse. Les discours allaient recommencer (il y en a eu trois) ; alors j’ai renâclé ; mon frère et un inconnu m’ont emmené. Le lendemain, j’ai été chercher ma mère à Serquigny. Hier, j’ai été à Rouen prendre tous ses papiers ; aujourd’hui, j’ai lu les lettres qu’on m’a écrites ; et voilà ! Ah ! cher Max ! c’est dur !

Il laisse par son testament… à Léonie. Tous ses livres et tous ses papiers appartiennent à Philippe ; il l’a chargé de prendre quatre amis pour savoir ce qu’on doit faire des œuvres inédites ; moin d’Osmoy, toi et Gaudron ; il laisse un excellent volume de poésies[1], quatre pièces en prose, et Mademoiselle Aïssé. Le directeur de l’Odéon n’aime pas le second acte ; je ne sais pas ce qu’il fera. Il faudra cet hiver que tu viennes ici avec d’Osmoy et que nous réglions ce qui doit être publié.

  1. Dernières Chansons.