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CORRESPONDANCE

12 août. C’est moi qui possède tous ses papiers ; il reste de lui un très beau volume de vers, que mon intention est de publier peu de jours après qu’Aïssé sera jouée. Je n’ai pas eu la force de relire mon roman, d’autant plus que les observations de Maxime, si justes qu’elles soient, m’irritent. J’ai peur de les accepter toutes, ou d’envoyer tout promener. Quelle perte pour la littérature, mon pauvre vieux ! quelle perte ! — et je ne parle pas du reste. Tu es donc toujours malade, toi ! Ne l’imite pas, n… de D… ! il ne me manquerait plus que ça !


1037. À MAXIME DU CAMP.
Croisset, 23 juillet 1869.

Mon bon vieux Max, j’éprouve le besoin de t’écrire une longue lettre ; je ne sais pas si j’en aurai la force, je vais essayer. Depuis qu’il était revenu à Rouen après sa nomination de bibliothécaire, août 1867, notre pauvre Bouilhet était convaincu qu’il y laisserait ses os. Tout le monde, — et moi comme les autres, — le plaisantait sur sa tristesse. Ce n’était plus l’homme d’autrefois ; il était complètement changé, sauf l’intelligence littéraire qui était restée la même. Bref, quand je suis revenu de Paris au commencement de juin, je lui ai trouvé une figure lamentable. Un voyage qu’il a fait à Paris pour Mademoiselle Aïssé, et où le directeur de l’Odéon lui a demandé des changements dans le second acte, lui a été tellement