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CORRESPONDANCE

1351. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset] mercredi soir [mi-novembre 1872].

Je n’en sais rien, mon bon. Peut-être au commencement de décembre irai-je passer à Paris quinze jours, pour revenir ici jusqu’au commencement de février ? Peut-être ne partirai-je de Croisset qu’à cette époque ? Cela dépendra de mes affaires. Du reste, cette grave question sera décidée d’ici à une quinzaine de jours.

Comme renseignements sur Théo, adresse-toi à Olivier de Gourjault, un ami de son fils, qui connaît à fond toute la partie bibliographique.

Quant à la bibliographie, prends des renseignements auprès de ses sœurs et d’Arsène Houssaye.

Il y a une Étude de Sainte-Beuve. Mais tu la connais sans doute.

Fais bien sentir qu’il a été exploité et tyrannisé dans tous les journaux où il a écrit ; Girardin, Turgan et Dalloz ont été des tortionnaires pour notre pauvre vieux, que nous pleurons. Moi, je ne me console pas de sa perte. Depuis que je sais que je ne le verrai plus, j’ai un redoublement d’amertume qui me submerge.

Un homme de génie, un poète qui n’a pas de rentes et qui n’est d’aucun parti politique étant donné, il est forcé, pour vivre, d’écrire dans les journaux ; or, voilà ce qui lui arriva. C’est là, selon moi, le sens dans lequel tu dois faire ton étude. Quand on écrit la biographie d’un ami, on doit la faire au point de vue de sa vengeance. Je