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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je ne comprends pas le sens d’une pareille mesure envers le prince. Elle est odieuse de bêtise !

Quant à sa protestation, qui est fort juste au fond, j’en blâme le dernier paragraphe et ce salut qu’il adresse au suffrage universel. Tel est mon humble sentiment là-dessus.

Si vous restez à Saint-Gratien quelque temps encore, j’irai peut-être vous y faire une visite. Car j’ai rendez-vous avec la Direction de la Gaîté, au commencement du mois prochain, pour lui lire l’éternelle Féerie[1], dont je me moque, étant pour le quart d’heure dans un tout autre courant d’idées.

Comme je comprends bien tout ce que vous dites sur la rue de Courcelles ! Je ne passe jamais par là sans que mon cœur ne soit remué, et vous avez raison.

Il ne faut rien oublier, ni bienfait ni offense. Cette égalité entre le bien et le mal, le beau et le laid, cette douceur niaise, ce bénissage universel est une des pestes de notre époque. La haine est une vertu.

J’espère que nos blessés sont tout à fait rétablis.

Je vous baise les deux mains, Princesse, et suis, vous le savez, votre vieux dévoué.


  1. Le Château des cœurs ; voir Œuvres de Flaubert, Théâtre, 1 vol.