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CORRESPONDANCE

deux jeunes gens, Baudry et d’Osmoy. Croirais-tu que Baudry admire son râtelier qu’il prenait pour ses vraies dents ?

Moi aussi, pauvre Caro, je n’ai pas été gai cette semaine. J’ai même été fort triste. Jamais je n’ai plus senti ma solitude ; et puis je lisais des choses crevantes ; et puis c’était la faute du temps. Si tu ne viens ici qu’à la fin de novembre, j’irai te faire une petite visite en attendant. Quand sera-t-il décidé, le fameux voyage de Pologne ?

Demain je traite. J’aurais l’éluite ou de l’éluite tout au moins. Car je suis forcé d’inviter le général de F***. C’est même pour cela que je vais aller tout à l’heure à Rouen.

Je profiterai de ma course pour voir un autre terrain près de la gare d’Amiens[1]. Toujours les occupations mortuaires ! Je pense démesurément à mon pauvre Théo. Avec qui causer littérature, maintenant ?


1348. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, samedi soir, 6 heures, 9 novembre 1872.
Mon Loulou,

Vieux continue à n’être pas gai. Il est comme Macbeth, « il a tué le sommeil ». Pourquoi ? Ce qu’il y a de drôle, c’est que Fortin est dans le même état que moi. La faute en est-elle à l’air de Croisset ? Il m’est impossible de fermer l’œil

  1. Pour le monument de Bouilhet.