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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Il me sera impossible d’aller te faire une visite à Étretat avant le printemps prochain et je regrette bien que tu ne me donnes pas l’exemple en venant ici à Croisset.

Ton fils a raison de m’aimer, car j’éprouve pour lui une véritable amitié. Il est spirituel, lettré, charmant, et puis c’est ton fils, c’est le neveu de mon pauvre Alfred.

Le premier ouvrage que je mettrai sous presse portera en tête le nom de ton frère, car dans ma pensée la Tentation de Saint Antoine a toujours été dédiée « à Alfred Le Poittevin ». Je lui avais parlé de ce livre six mois avant sa mort. J’en ai fini avec cette œuvre qui m’a occupé à diverses reprises pendant vingt-cinq ans ! Et à défaut de lui, j’aurais voulu t’en lire le manuscrit à toi, ma chère Laure. Du reste je ne sais pas quand je le publierai. Les temps ne sont point propices.

Adieu, ma chère et vieille amie. Excuse mon laconisme et crois-moi toujours à toi.


1347. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, samedi matin, 2 novembre 1872.

Comment ? je n’ai pas répondu tout de suite à Ernest que j’avais reçu, dimanche matin, une lettre chargée ? Je croyais l’avoir fait ! Présente-lui mes excuses. J’aurai été troublé par la compagnie que j’avais. La mère Heuzey séduisait mes