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DE GUSTAVE FLAUBERT.

bas monde (bas est le mot exact), autant en f… son camp le plus vite possible.

Le 4 Septembre a inauguré un état de choses qui ne nous regarde plus. Nous sommes de trop. On nous hait et on nous méprise, voilà le vrai. Donc, bonsoir !

Mais avant de crever, ou plutôt en attendant une crevaison, je désire « vuider » le fiel dont je suis plein. Donc, je prépare mon vomissement. Il sera copieux et amer, je t’en réponds.

Pauvre, pauvre cher Théo ! C’est de cela qu’il est mort (du dégoût de l’infection moderne !) C’était un grand lettré et un grand poète. Oui, monsieur, et plus fort que le jeune Alfred de Musset ! n’eût-il écrit que le Trou du serpent. Mais c’était un auteur parfaitement inconnu. Pierre Corneille l’est bien !

Depuis jeudi je ne pense qu’à lui, et je me sens à la fois écrasé et enragé. Adieu, bon courage. Je t’embrasse très fortement.


1343. À TOURGUENEFF.

Entièrement inédite.

Mercredi soir.

Comme je vous plains, pauvre cher ami. Je n’avais pas besoin de vous savoir très souffrant pour être triste. La mort de mon vieux Théo m’a écrasé. Depuis trois ans, tous mes amis meurent l’un après l’autre, sans interruption ! Je ne connais plus au monde maintenant qu’un seul homme avec qui causer, c’est vous. Donc, il faut vous soigner, et ne pas me manquer comme les autres.