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CORRESPONDANCE

« bon vieux Croisset », comme tu dis, n’a pas été folichonne. Je m’y suis livré à des rêveries sur le passé tellement lourdes que c’était comme un écrasement. Je les ai secouées et je me suis mis immédiatement à la pioche.

J’ai corrigé la copie de Saint Antoine, puis j’ai lu une dissertation médicale sur le vertige nerveux, puis un roman algérien de Mme de Voisins (Pierre Cœur)[1], laquelle m’a demandé cela comme un service, en me priant de lui en faire la critique.

Voilà l’emploi de mon temps depuis quarante-huit heures. Le temps affreux qu’il a fait cet après-midi m’a inquiété.

J’attends demain soir Ernest pour dîner, et jeudi j’aurai peut-être à déjeuner Laporte, qui m’amènera mon toutou. Il me semble que je vais l’aimer beaucoup.

Carvalho doit m’écrire pour m’appeler à Paris vers le 10 ou le 12 octobre. Mais il est probable que je retarderai mon voyage d’un bon mois, afin de m’y trouver avec toi, pour faire faire ensemble le buste de notre pauvre vieille. Il est temps de s’y mettre. Le souvenir, si précis qu’on le croie, ne tarde pas à s’embrouiller dans les petits détails.

Tu diras de ma part à ton, ou plutôt à notre amie Flavie, tout ce que tu pourras trouver de plus sérieusement aimable.

Je suis fâché pour toi de son séjour dans le midi, cet hiver. Où va-t-elle ?

À propos de voyages, Mme d’Harnois[2] est

  1. Les Borgia d’Afrique.
  2. Madame d’Harnois de Plancques, tante de Guy de Maupassant.