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CORRESPONDANCE

1324. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, dimanche matin, 8 septembre 1872.

Je commençais à trouver le temps long sans nouvelles de mon pauvre loulou ! Enfin, j’ai reçu ta bonne lettre hier, ma chérie ! Et elle m’a fait plaisir, car il me semble que tu vas mieux et que tu t’amuses dans la société de Frankline. Je compatis à vos mésaventures d’artistes. Mais pourquoi ne te livres-tu pas au genre maritime ? Tu n’as encore rien tenté dans cette branche. Essaie.

Moi je suis effrayé de ce que j’ai à faire pour Bouvard et Pécuchet. Je lis des catalogues de livres que j’annote. Il va falloir que j’en loue beaucoup et que j’en achète pas mal ; et, à ce propos, préviens Ernest que, dans une douzaine de jours sans doute, je lui redemanderai de l’argent, 500 ou 1000 francs. Je fais copier aussi Saint Antoine que je remporterai à Croisset, bien entendu. Mais B. et P. m’épouvantent ! J’ai déjà consulté des gens spéciaux pour différents points scientifiques ; mais je ne suis pas au bout de mes courses, ni de mes tracas. Enfin, à la grâce de Dieu !

Tout à l’heure je viens de recevoir une lettre de Tourgueneff qui est toujours abîmé par la goutte. Il se propose de venir me voir à Croisset vers le 10 octobre. Ce sera un prétexte légitime pour ne pas aller chez Mme Perrot, car tous ces trimbalements-là me dérangent et me coûtent de l’argent. J’irai trois ou quatre jours à Saint-Gratien et puis