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DE GUSTAVE FLAUBERT.

départ. Je m’embarque pour Luchon, vendredi prochain. Ce que vous me dites de notre pauvre Théo m’afflige profondément. J’ai bien peur de lui avoir fait, dernièrement, des adieux éternels ! Je crois que personne ne le pleurera plus que moi !

Je n’ai pas été à Vendôme parce que je me sentais trop triste pour tolérer la foule, et surtout afin d’éviter la compagnie des chers confrères. J’aurais fait le voyage avec Saint-Victor ; or ce monsieur me déplaît profondément. Je ne suis pas bien impérialiste, mais je trouve qu’il passe les bornes ! Et qu’il s’est conduit avec votre altesse comme un pur goujat.

Vis-à-vis de moi, ses façons ont été plus que grossières. Je n’aurais pu m’empêcher « d’avoir des mots », chose ridicule et bien inutile.

Ce qui me paraît aussi inutile, c’est la rage moralisatrice de Dumas ! Quel est son but ? Est-il de changer le genre humain, ou d’écrire de belles choses, ou de devenir député ?

Comme je n’aurai rien à faire là-bas, je lirai mon élucubration.

À mon retour, en passant par Paris, je compte vous faire encore une petite visite.

Pensez quelquefois à moi et comptez toujours sur

Votre,
qui vous baise les deux mains aussi longuement que vous le permettrez.