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DE GUSTAVE FLAUBERT.

un vrai morceau, la vigousse et l’alacrité me manquent.

À bientôt, chère maître. Votre vieux troubadour qui vous embrasse.


1303. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset [5 juin 1872.]

Princesse, je suis un misérable ! J’aurais dû répondre immédiatement à votre dernière lettre, qui est d’ailleurs un chef-d’œuvre de style et d’esprit. La description du mari d’Estelle m’a fait rire tout haut. Ça se voit. Vous avez des coups de pinceau à la Saint-Simon qui sont exquis.

Mon petit voyage vers vous a été remis de semaine en semaine, par suite des exécrables affaires ! De l’inventaire du mobilier au partage des meubles, etc. ! Quel ennui ! Mon incapacité en matières d’argent, ou plutôt la répulsion qu’elles me causent est arrivée chez moi à un tel point que cela frise l’imbécillité ou la démence. Je parle très sérieusement ; j’aime mieux me laisser dépouiller jusqu’aux os que de me défendre, non par désintéressement, mais par la rage d’ennui que me donne un pareil travail. Tel est le caractère de votre esclave indigne, chère Princesse.

Enfin le plus lourd est terminé et, vers la fin de la semaine prochaine, je me remettrai un peu de baume dans le sang. J’espère bien contempler votre belle et bonne figure.