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CORRESPONDANCE

le colleur de papier viendra jeudi. Émile a tantôt rapporté de Rouen tes deux coupes en marbre.

Adieu, pauvre fille. Bon courage !

Je t’embrasse bien tendrement.

Ton vieux.

Tu n’imagines pas comme ton Croisset est calme et beau ! Il y a une douceur infinie dans tout et comme un grand apaisement qui sort du silence. Le souvenir de « ma pauvre vieille » ne me quitte pas et flotte autour de moi comme une vapeur et m’enveloppe.


1293. À GEORGE SAND.
[Croisset, fin avril-premiers jours de mai 1872].

Quelle bonne nouvelle, chère maître ! Dans un mois et même avant un mois je vous verrai enfin !

Arrangez-vous pour n’être pas trop pressée à Paris, afin que nous ayons le temps de causer. Ce qui serait bien gentil, ce serait de revenir ici avec moi passer quelques jours. Nous serions plus tranquilles que là-bas ; « ma pauvre vieille » vous aimait beaucoup. Il me serait doux de vous voir chez elle, quand il y a encore peu de temps qu’elle en est partie.

Je me suis remis à travailler, car l’existence n’est tolérable que si l’on oublie sa misérable personne.

Je serai longtemps avant de savoir ce que j’aurai pour vivre. Car toute la fortune qui nous